Maternité

Nos garçons aussi peuvent être féministes !

Le féminisme pour les filles

En tant que parent, je pense qu’il est assez acquis aujourd’hui de dire à nos petites filles qu’elles peuvent tout faire et ne pas seulement être jolie. L’histoire avance dans le bon sens, c’est super.

Le féminisme pour les garçons

Etant maman de deux petits garçons, je m’interroge. Ils font partis de ce que l’on peut appeler « le sexe fort ». Les portes leur sont plus facilement ouvertes, ils devraient profiter plus facilement de leur confiance en eux et c’est chouette, je ne veux pas entacher ça. Mais, si autant, on apprend aux filles à se mettre au même niveau que les garçons. Il me parait important d’apprendre aux garçons à :

  • Laisser de la place aux filles partout et sans distinction de genre.
  • Les permettre de faire et devenir ce qu’ils veulent, que cela soit considéré comme féminin ou non.

Ma mission de maman se porte notamment là-dessus. Et avec l’entrée à l’école, je pense que mon travail va s’intensifier ! Je commence à l’entendre : « ça, c’est pour les filles ! ».

«Je suis heureuse que nous ayons commencé à élever nos filles davantage comme nos fils, mais cela ne fonctionnera jamais tant que nous n’élèverons pas nos fils comme nos filles.»

Gloria Steimen, féministe américaine

La déconstruction de préjugés stéréotypés

Dans les jeux

Il est maintenant plutôt assez bien établi qu’un garçon puisse jouer à la dinette ou à la poupée (enfin il me semble ?!). Cela n’a jamais été un sujet de discussion avec mon entourage et j’en suis ravie. Après tout, si mes fils décident d’être père un jour, il auront appris à prendre soin d’un poupon et à être un bon papa (bon, sauf quand il le balance par terre). Et en participant au ménage ou à la cuisine, ils se créent des capacités pour être un adulte autonome plus tard. Amen.

Dans cette idée là donc, il s’agit d’être en alerte sur des phrases toutes faites du type « la voiture de papa » ou « le balai de maman » . On va les éviter celles-là. Les activités comme les objets de la maison se doivent d’être non genrés même si nous avons tous nos affinités et une répartition qui est propre à chaque famille.

Dans le look

Rose pour les filles et bleu pour les garçons ? Cela n’a pas toujours été le cas.

Le rose pour les garçons et le bleu pour les filles

Le rose était autrefois attribué aux garçons comme un dérivé du rouge (il était d’ailleurs appelé « rouge pâle ») qui était la couleur des rois. A l’inverse, le bleu était plutôt attribué aux filles car il symbolisait la pureté et la féminité de la vierge Marie.

L’inversion de ces couleurs est apparue à partir de la moitié du XXe siècle. Ce n’est pas si ancien !

Vers une garde-robe genrée

Aussi, autrefois les bébés étaient tous habillés de blanc sans distinction de formes. Ce sont pour des raisons commerciales associées à un bon marketing, que l’on a commencé à voir apparaître des vêtements genrés. En effet, si vous avez un garçon puis une fille, vous êtes alors obligé de changer la garde-robe et donc d’acheter de nouveaux vêtements. Malin !

Pour en revenir à mes fils : porter du rose ne me pose pas de soucis (sauf exception à lire plus bas), mettre du vernis ou du maquillage (dans la limite de ce que l’on autoriserait pour une fille) et s’il en fait la demande ; pourquoi pas. Je ne parle pas ici de l’inciter à faire tout ce que ferait une fille mais de le laisser être lui-même.

Je vous invite à découvrir ces planches très inspirantes de maman rodarde qu’elle a fabriqué pour son fils. Elles démontrent à qui veut bien l’entendre qu’un garçon peut se maquiller, porter des bijoux, avoir les cheveux longs, etc. Non seulement c’est possible et autorisé mais beaucoup de célébrités les illustrent. Magique.

Dépliant anti-sexiste de Maman rodarde

Dans cette vision-là, je vous invite aussi à visiter le blog de Mon fils en rose qui pose toutes ces questions, repousse les limites et partage son expérience sans détours et avec humour :

Oui mon fils est un garçon et depuis sa naissance il porte toutes les couleurs possibles que j’arrive à trouver aux rayons bébés. Y compris du rose ! Et devinez quoi ? Son pénis n’en est pas tombé ! Pas encore peut-être ?

Charline du blog Mon fils en rose

Et connaissez-vous ce berlinois Mark Byran qui fait le buzz sur les réseaux sociaux ? Un homme marié, qui adore les Porsche, les belles femmes…. et porter des talons et des jupes. Comme quoi il n’y aucune incompatibilité. Le genre et la sexualité sont des choses à part. Il s’assume parfaitement et cela n’entache paradoxalement pas sa virilité. Un vrai modèle d’ouverture décomplexant et bienveillant à encourager ! Je suis juste un peu jalouse car il marche mieux en talons que moi…. 😀

Dans les émotions

Tu peux pleurer mon fils. Pourquoi les émotions comme la tristesse ne serait autorisée qu’aux filles ? Quelle pression pour nos garçons que de nier leurs émotions parce qu’ils doivent être dur et fort !

J’adore particulièrement ce passage du livre Ce que papa m’a dit d’Astrid Desbordes :

Ce que papa m’a dit – Astrid Desbordes

Et si je tombe ? demande Archibald

Si tu tombes, répond son papa, sois fort et ne cache pas tes larmes.

Ce que papa m’a dit – Astrid Desbordes

Que peut-on ajouter de plus à ça ?

J’ai encore entendu il y a quelques jours quelqu’un me dire à propos de mes garçons « ah, il aurait fallu avoir un garçon et une fille, ça aurait été plus calme. » Ah ! Vraiment ?!!

Dans le sport

Aujourd’hui, il est évident qu’une fille puisse faire du foot et qu’un garçon puisse faire de la danse.

Tiens, un garçon qui fait de la danse, ça vous choque plus ? Je pense que c’est intéressant de se poser la question. Qu’est ce qui pose souci dans le fait que notre garçon fasse quelque chose de dit « féminin » ? En quoi cela serait-il péjoratif de ressembler à une femme quand, pour une petite fille, cela prête simplement à sourire mais pas à s’indigner ?

Une petite fille ayant un caractère « de garçon » sera appelé « garçon manqué » (la pauvre, on dirait qu’elle a raté son coup). A l’inverse, il n’existe pas d’expression pour nommer un garçon ayant un caractère « de fille » (à moins de tomber dans des propos dévalorisants et négatifs).

Dans tous les cas, il y a de la place pour tous les enfants dans toutes les activités sportives. Certaines aussi dans lesquelles la mixité n’est pas un combat ; le roller, le poney, le cirque,…

Interroger nos fils sur l’image de la femme

Que ce soit dans les publicités, les films ou des scènes repérées dans notre quotidien, il est enrichissant de s’interroger avec nos enfants. J’ai toujours en tête cette marque « Chauffage du nord » dont je ne mettrais pas le lien parce que je ne veux pas leur faire de pub. Ils ont placardé sur tous les espaces pub possibles et sur leurs camionnettes une femme dénudée disant « quand il fait froid, chauffage du nord j’adore ». Certains haters diraient, « si t’as froid, t’as qu’à mettre un pull » mais cela soulève un autre débat. Haha

Enfin, je pense que c’est bien de questionner nos enfants sur l’intérêt de la nudité dans ce contexte, pourquoi ça a été utilisé, et si on pourrait pu faire autrement.

Accueillir nos propres contradictions

Nous sommes nous-même nés et vivons dans une société genrée. C’est un fait indéniable et il serait complètement utopique de croire que nous sommes neutre et objectif, sans biais cognitifs. Nous avons tous nos schémas de pensées et de croyances plus ou moins ancrés et c’est ok comme ça. L’idée n’est pas de se changer en tout point mais déjà de savoir pointer du doigt lorsque parfois nous avons des activités ou actions genrées pour nous-même et en parler avec l’enfant. La déconstruction est un travail de toute une vie.

Par exemple : « Tu vois que maman cuisine tout le temps pendant que papa fait le jardin. Qu’est ce que tu penserais si c’était l’inverse ? » Et échanger autour de ça. Voir plus grand et montrer que ces schémas familiaux peuvent être différents dans d’autres maisons.

D’ailleurs, en toute honnêteté, même si je suis totalement pour l’éducation non stéréotypée, j’avoue que la première fois que mon garçon a choisi la couleur rose pour un bracelet de vacances, j’ai eu un moment de blocage. Je me suis même vue lui proposer un vert à la place, insidieusement. Je ne vais pas me blâmer pour cela, l’événement est passé et personne n’a été traumatisé. Néanmoins, cela m’a questionné et si je devais revivre la situation, je m’y prendrais autrement.

Les bons principes d’éducation non stéréotypés

Voici quelques conseils de bon sens que j’ai pu glaner au fil des mes lectures, notamment dans cet article du New-York Time, How to raise a feminist son :

  • Laissez-le pleurer : Oui, il n’est pas bon de refouler ses émotions. Il s’agit plutôt de les accueillir et d’en faire une force. Cf le livre Ce que papa m’a dire D’astrid Desborde.
  • Donnez-lui des bons modèles avec des hommes qui assument les responsabilités de la vie. C’est important pour l’équilibre.
  • Laissez-le être lui-même. Le laisser expérimenter ce dont il a envie et ne pas restreindre sous prétexte que ce ne sont pas des activités de garçons.
  • Apprenez-lui à prendre soin de lui. S’habiller seul, choisir des habits, se coiffer. Cela lui donnera le goût de prendre soin de lui, de s’apprécier et ce sont des activités qui développement la motricité fine. 🙂
  • Apprenez-lui à prendre soin des autres. C’est l’étape suivante. Une fois que l’on prend soin de soi et que l’on s’aime alors on est prêt à se tourner vers les autres.
  • Partagez le travail (et si possible sans stéréotypes). Un garçon peut aider à mettre la table, débarrasser, faire une lessive. Le tout est d’adapter les tâches en fonction de l’âge de l’enfant mais pas en fonction du sexe.
  • Encouragez les amitiés avec les filles (et stop aux injonctions « elle est amoureuse ! » à une petite fille qui s’approche de votre fils. C’est un enfant qui s’intéresse à un autre. Point. Un garçon et une fille peuvent être amis sans que cela ne relève de l’amour (J’ai subi ces discours enfant et pour ma part j’ai vécu cela comme un non-respect pour ma personne et une humiliation).
  • Apprenez lui que « non » veut dire « non » (respect et consentement, sujet hautement d’actualité)
  • Exprimez-vous quand les autres sont intolérants (dire qu’une mauvaise action a été faite parce que c’est un garçon n’est pas une excuse pour un mauvais comportement) Si vous repérez une action ou un propos intolérant, il s’agit d’intervenir pour montrer votre désaccord ou plus si cela est intolérable.
  • N’utilisez jamais le mot « fille » comme une insulte. (on ne pleure pas comme une fille, on ne marche pas comme une fille. Non). Ne dites pas et ne laissez pas votre enfant dire « poule mouillée » ou autre propos offensants ou sexiste.
  • Lisez beaucoup, y compris sur les filles et les femmes.
    • Les culottées de Pénélope Bagieu
    • La collection Petite&Grande pour les 3 à 5 ans :
Marie Curie – collection Petite & Grande
  • Cette affiche à imprimer d’Elise Gravel :
Site d’Elise Gravel
  • Célébrez l’enfance. L’enfance est un moment éphémère d’innocence et d’apprentissage de la vie. Laissez-les être eux-mêmes et faire leurs propres expériences. C’est comme cela que l’on se construit.

En conclusion

Ecoutons nos enfants et faisons leur confiance. Les stéréotypes de genre peuvent les faire souffrir car, en devant se conformer à une image, à ce que la société attend d’eux, cela leur ôte une part de liberté et de spontanéité. Et c’est bien dommage de se créer tout seul notre propre prison par la force de la pensée. Souvent les filles vont être plus libres de s’essayer à tout (vêtements, activités, etc.) alors que très vite les garçons vont être plus limités et plus vite jugés…

Le chemin le plus dur est de désapprendre pour réapprendre ! 🙂

Pour aller plus loin

Voici les sources qui m’ont aidé dans la rédaction de cet article :

Tu seras un homme féministe mon fils d’Aurélia Blanc

Votre petit garçon veut mettre du vernis ? du Nouvel Obs

Comment élever son fils pour qu’il ne devienne pas existe ? du Nouvel Obs

Le blog de Mon fils en rose

Les dépliants anti-sexistes de Maman rodarde

How to raise a feminist son ? du New-York Time

L’excellent travail d’Elise Gravel :

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